L'Afrique de l'Ouest, riche en culture et en tradition, porte également le poids d'une éducation sexuée qui, dès l'enfance, façonne les filles au service des hommes. Malgré une ouverture croissante sur le monde et l'influence de la modernité, ces traditions perdurent et limitent les perspectives des femmes.
Dès le plus jeune âge, les rôles sont clairs : les filles sont censées s'occuper des tâches domestiques tandis que les garçons jouent à l'extérieur. Cette répartition des rôles n'est pas anodine : elle inculque aux filles l'idée que leur place est dans l'ombre, dans le soin des autres, et non dans la conquête de leurs propres ambitions.
En grandissant, elles sont soumises à des remarques qui renforcent cette idéologie : "Un homme ne veut pas d'une femme sale", "Si tu ne sais pas cuisiner, tu auras du mal à trouver un mari", "Surveille ton poids, sinon personne ne voudra de toi". Pendant ce temps, les garçons reçoivent des messages axés sur leur réussite et leur ambition : "Si tu es paresseux, tu ne seras pas riche", "Tu dois te concentrer sur tes études pour réussir".
Une vie centrée sur les hommes
Avec de telles injonctions, les jeunes filles grandissent en construisant leur identité autour du regard masculin. Leur réussite personnelle passe souvent au second plan, subordonnée à leur rôle d'épouse ou de mère. Cette mentalité limite leur capacité à se concentrer sur elles-mêmes, à prendre des risques, à s'affirmer et à aspirer à des positions de pouvoir.
La chanteuse béninoise Angélique Kidjo souligne l'importance de l'éducation des filles : "Sans elles, l'Afrique s'effondrerait, car elles en sont la colonne vertébrale. [L'éducation des filles est aujourd'hui l'investissement le plus rentable pour les nations africaines.
Témoignages et réalités du Bénin
Au Bénin, les statistiques reflètent ces défis. En 2022, environ 8,4% de filles en âge de fréquenter l'école élémentaire n'étaient pas scolarisées, ce qui représente une amélioration par rapport aux 74% enregistrés en 1990. Cependant, les taux de scolarisation chutent considérablement au niveau secondaire, avec un taux de scolarisation de 43% et seulement 35% de filles terminant le premier cycle de l'enseignement secondaire, selon l'Institut de statistique de l'Unesco. L'écart se creuse encore dans l'enseignement supérieur, où 15% d'hommes sont inscrits, contre seulement 8% de femmes, toujours selon l'Institut de statistique de l'Unesco.
Perspectives dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest
Dans d'autres pays de la région, des initiatives similaires sont mises en œuvre pour améliorer l'accès des filles à l'éducation. Au Sénégal, par exemple, le programme "Vacances Citoyennes" vise à sensibiliser les communautés à l'importance de la scolarisation des filles et à lutter contre les mariages précoces. Au Ghana et au Togo, la politique de gratuité de l'enseignement secondaire a entraîné une augmentation significative du nombre de filles scolarisées.
Un obstacle à l'émancipation
L'une des principales conséquences de cette éducation est le manque de représentation des femmes aux postes de direction. Peu encouragées à viser haut, elles ont du mal à se considérer comme des leaders, des entrepreneurs ou des décideurs. Pourtant, les femmes béninoises démontrent chaque jour leur capacité à briser ces barrières, mais le combat reste inégal.
Selon une étudeLes femmes béninoises sont souvent plus touchées par la pauvreté, ce qui les oblige à travailler davantage, principalement dans le secteur informel.
Vers une éducation plus équilibrée
Il est temps de revoir les schémas traditionnels pour permettre aux filles de recevoir une éducation qui leur donne les mêmes chances de réussite que les garçons. Cela implique une répartition égale des tâches domestiques, une éducation qui valorise leur personnalité et leurs ambitions, et des modèles féminins inspirants.
Les écoles jouent un rôle clé dans l'élimination des stéréotypes de genre et la mise en valeur des figures féminines qui ont réussi dans divers domaines. L'intégration de l'égalité des sexes dans les programmes scolaires et la formation des enseignants pour qu'ils soutiennent les aspirations des filles et des garçons favorisent un changement durable.
Les familles et les médias doivent également encourager cette évolution en valorisant la réussite féminine et en déconstruisant les idées reçues sur le rôle des femmes.
Les mentalités évoluent, mais lentement. Il est essentiel de continuer à dénoncer ces injustices et d'encourager un changement qui profitera à l'ensemble de la société. Une éducation plus équilibrée profite non seulement aux filles, mais aussi aux garçons, en leur permettant de grandir dans un environnement où l'équité et le respect mutuel prennent le pas sur les normes rigides du passé.